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30 juillet 2013 2 30 /07 /juillet /2013 11:13

18 ème Dimanche ordinaire. Année C.

EVANGILE DE JESUS CHRIST

SELON SAINT LUC 12, 13-21.

Homélie de monsieur l' abbé Jean-Bernard Hayet,

curé de la paroisse Saint Josep des Falaises-Bidart,

dimanche 4 août 2013.

"INSENSES POUR LE MONDE,

MAIS "FOUS" DU CHRIST!

"Vanité des vanités, tout est vanité " : telle est, mes frères, l' affirmation centrale contenue dans la première lecture et qui peut tous nous aider, en ce jour, à approcher du Seigneur et à tirer des conclusions pratiques et très précieuses pour notre vie quotidienne.

La vanité, qu' est-ce donc? : le mot hébreu "Hé Vèl" désigne une brume matinale, un brouillard qui ne dure pas; la vanité caractérise donc ce qui est passager, futile, ce qui n' a pas de consistance; elle est synonyme aussi de boursouflure, suffisance, superbe, fatuité.

Les "vaniteux" sont des êtres qui ne regardent qu' eux-mêmes : leur personne, leur prestige, leur situation. Or, lisons-nous dans l' Evangile de ce jour (Saint Luc 12, 13-21) cela est pure folie : regardez cet homme qui se croyait à l' abri de ses possessions : "mes greniers... mon blé... mes réserves... et moi, et moi, et moi!..." : durant la nuit, il meurt! Pauvre sot : tout ce qu' il a amassé, entassé, engrangé, tout sera ramassé par d' autres qui ne se sont donné aucune peine.

"C' est bien peu de chose que l' homme -disait le grand Bossuet (+ 12 avril 1704)-. Le temps viendra où cet homme qui vous semblait si grand ne sera plus, où il sera comme l' enfant qui est encore à naître, où il ne sera plus rien... J' ai peu de temps, j' ai beaucoup de chemin à faire, peut-être en ai-je encore moins que je ne pense... je mettrai ordre à mes affaires... pensant non pas à ce qui passe mais à ce qui demeure" (In "Fragment sur la brièveté de la vie et le néant de l' homme").

"Faites-vous des trésors dans le Ciel" dira notre Bon Jésus et Maître (Saint Matthieu 6, 19-23). Mais de quels "trésors" s' agit-il? Du trésor de nos bonnes œuvres, de nos actes de Charité, de nos actes de Bonté, d' entraide généreuse, de patience, de pardon... Tout au long de l' Evangile, page après page, notre Seigneur ne Se lasse pas de nous enseigner l' art d' être une personne, l' art de devenir et de rester une personne aimante et aimable : "Que dois-je faire pour ne pas gaspiller ma vie dans l' absence de sens? C' est précisément la question que doit se poser tout homme et qui vaut pour tout âge de la vie... Dieu nous a montré quel est le chemin, comment nous pouvons cheminer de façon juste" (Pape Benoit XVI. Homélie du vendredi 11 juin 2010 pour la clôture de l' année sacerdotale).

Notre vocation sur cette terre, mes frères, n' est pas de devenir des "entasseurs compulsifs", des "brocanteurs", des "ferrailleurs récupérateurs" qui entassent, amassent, empilent et s' encombrent de tout un fatras de choses plus ou moins utiles : notre vocation c' est de viser "Haut", c' est précisément de vivre comme les enfants du Dieu Très-Haut, c' est de tout faire -comme nous le dit Jésus aujourd' hui-, pour "être riche en vue de Dieu". Nous ne devons jamais dédaigner les "petites choses" qui comptent beaucoup aux yeux de Dieu et qui ne sont jamais perdues quand elles sont accomplies dans la Charité du Christ : relisons ici le Concile Vatican II : "Le Verbe de Dieu... nous avertit que la Charité ne doit pas s' exercer dans des actions d' éclat, mais, avant tout, dans le quotidien de la vie" (Gaudium et Spes n° 38; Saint Matthieu 10, 34-11; 25, 23). Oui, mes frères, "nous nous enrichissons en nous éloignant de nous-mêmes, en nous libérant de nous-mêmes" (Pape Benoit XVI. Homélie du dimanche 14 mars 2010 à la Christuskirche de Rome), nous nous enrichissons quand nous comprenons -grâce au Christ-, que la vie ne consiste pas à accumuler, que la vie est bien plus que le succès (toujours éphémère!), nous nous enrichissons -comme le disait Sainte Thérèse de l' Enfant-Jésus (+ 30 septembre 1897)- quand nous misons toute notre vie "à la Banque de l' Amour". Dans cette "Banque de Dieu", mes frères, soyons-en sûrs, les voleurs ne peuvent y pénétrer, la bourse est toujours stable, aucun risque de "krasch boursier" et plus encore -o merveille!- le "Divin Banquier" nous promet un taux d' intérêt -non pas à 2 ou à 1, 25 pour cent, Il nous promet le centuple de ce que nous aurons offert généreusement et sans compter de tout notre cœur (Saint Matthieu 19, 29; Saint Marc 10, 28-30). "Si tu veux posséder la Charité -dira Saint Augustin (+ 430)-, c' est toi qu' il faut chercher, toi qu' il faut trouver. Pourquoi crains-tu de donner? As-tu peur d' être détruit? Au contraire, si tu ne donnes pas, c' est alors que tu te perds. La Charité en personne parle par la Sagesse (Proverbes 23, 26) et elle te dit -ne prends pas peur de ce qu' elle te dit : "Donne-toi toi-même" (Sermon 37, 4. Sur les Proverbes). Oui, mes frères, le véritable mal c' est de n' exister que pour soi-même, c' est de n' être tourné que sur soi-même comme notre homme de l' Evangile : "Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie". Le temps est court : Tempus breve est! Nous aussi, nos jours sont comptés sur cette terre, nous sommes dans les Mains de Dieu. Dans un certain délai, court peut-être, nous nous trouverons face à Lui, notre Créateur et Sauveur, alors que nous avions peut-être imaginé notre passage sur terre vaguement éternel; le temps est court mais suffisamment long pour nous tous, pour nous mettre au travail, pour nous mettre au diapason de ce que Jésus attend de nous : qu' attend-t-Il?

Là encore, écoutons Saint Basile qui, au quatrième siècle, prononçait au regard de l' Evangile de ce jour, une homélie décapante et stimulante qui n' a rien perdu de sa force : "Permets à tes richesses de se disperser et de s' en aller, par des voies diverses, vers les pauvres... Détruis tes greniers d' injustice. Rase de tes propres mains ce que tu as construit malhonnêtement. Fais disparaître ton avarice, expose au soleil ton blé qui moisit à l' ombre, fais sortir de prison tes richesses captives... Tu as comme grenier, si tu le veux, le ventre des pauvres. Ramasse-toi un trésor dans le Ciel (Saint Matthieu 6, 20). Ce trésor du Ciel, les vers ne le mangeront pas, la pourriture ne le dévorera pas, les voleurs ne s' en empareront pas. Qu' est-ce qui t' empêche de donner maintenant?... Tes greniers ne sont-ils pas pleins? Le précepte n' est-il pas clair?... Tu ne connais qu' un mot : je n' ai rien, je ne donnerai rien car je suis pauvre. Pauvre, tu l' es en effet, et dépourvu de tout bien : pauvre d' amour, pauvre de bonté, pauvre de Foi en Dieu, pauvre d'Espérance Eternelle. Donne à tes frères; partage aujourd' hui avec l' indigent ce qui sera pourri demain. Cesse de faire tout disparaître dans les insatiables replis de ton avarice" (Saint Basile. Homélie VI. Sur l' avarice).

Rien ne vaut la vie!

Depuis plusieurs semaines, Notre Seigneur Jésus Christ nous offre de merveilleuses catéchèses -dont nous devons tous tirer profit pour le bien de notre âme et le bonheur des autres!- afin que nous comprenions toujours mieux que rien ne vaut la vie vécue sous Son Regard et tournée vers les autres! Quelle Grâce nous offre, chaque dimanche, le Saint Evangile, avec ses récits, ses paraboles, ses exhortations, l' Evangile qui est un véritable "guide du routard", un immense "Cadeau" et "il est vraiment dommage que nous en profitions si peu car nous avons là la "Somme" de la Pensée de Dieu mise à la disposition de nos intelligences; malheureusement, il faut le reconnaître, nous ne passons que peu de temps à en parcourir les pages avec les "yeux du cœur" (Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine. Homélie du 28 juillet 2013 à Saint Vincent de Paul-Les Réformés. Marseille). "Pour tenir au jour le jour, la Parole de Dieu nous est offerte. Si nous nous mettons régulièrement à son écoute, elle nous apprend à discerner ce qui donne du poids à nos vies d' hommes de ce qui n' est que vide et vanité, de ce qui est destiné à "faire pschitt"!" (Dominique Pierre).

Rappelez-vous mes frères -et moi avec vous!-, quand à travers la parabole du Bon Samaritain, le Seigneur nous a montré ce qu' est la vraie Charité qui ne se paie pas de mots et sait prendre soin du frère blessé de bien des manières qui croise notre route et attend notre aide efficace.

Rappelez-vous mes frères -et moi avec vous!-, comment, chez Marthe et Marie de Béthanie, le Seigneur nous a invité à "lever le pied", à fuir l' excitation ou l' agitation et toute affaire cessante à prendre le temps de nous "mettre à Ses pieds" pour vivre avec Lui un véritable cœur à cœur : le Seigneur a tant de choses à nous dire et à nous faire découvrir : Lui en offrons-nous la possibilité? Qu' avons-nous fait de Son appel à "choisir la meilleure part"? "Dieu a besoin que l' on arrache du temps pour Lui de façon méthodique. Il faut offrir du silence à Dieu, comme un don. Dieu apprécie cette offrande de notre silence. Nous Lui offrons notre silence et Il est sensible à ce langage de l' amitié et de l' amour" (Père Guy Gilbert. Lettre n° 88 juillet-décembre 2011 page 16).

Rappelez-vous, mes frères -et moi avec vous!-, comment dimanche dernier Il nous a redit que rien ne vaut la vie surtout quand nous nous laissons transformer par le Grand Don du Saint-Esprit : c' est ce Don qui doit être en tête de toutes nos demandes, c' est ce Don qui doit être "la priorité des priorités : "Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-Il l' Esprit Saint à ceux qui le Lui demandent!" (Saint Luc 11, 13). Il faut permettre au Saint-Esprit -tel un jardinier- de "travailler" notre cœur afin de lui faire porter de bons et beaux fruits : "Quand notre cœur est une bonne terre qui accueille la Parole de Dieu -disait le Pape François aux J.M.J. de Rio-, quand "on mouille le maillot" en cherchant à vivre comme chrétiens, nous expérimentons quelque chose de grand : nous ne sommes jamais seuls, nous faisons partie d' une famille de frères qui parcourent le même chemin, nous faisons partie de l' Eglise" (Pape François. Discours du samedi 27 juillet 2013 au cours de la veillée avec les jeunes. XXVIII ème J.M.J. Rio de Janeiro).

Les plus anciens parmi nous, se souviennent certainement du chanteur Maurice Chevalier (+ 1 er janvier 1972) qui, dans les années 30 interpréta une chanson qui disait :

"Ma pomme, c' est moi,

j' suis plus heureux qu' un roi,

j' me fais jamais d' mousse,

en douce, je m' pousse".

L' Evangile, mes frères, est clair et net : il n' y a pas que notre "pomme" qui compte : celle des autres aussi et puis une "pomme" quand elle est offerte ou partagée a beaucoup plus de saveur car elle a le "goût" de l' amitié ou de l' amour! Allez, mes frères, prions pour qu' il en soit vraiment ainsi : ne vivons pas pour des "prunes", ne vivons pas comme l' homme insensé de l' Evangile de ce jour, ne vivons pas comme des "fous" qui ne pensent qu' à leur "pomme"; vivons comme des "fous" d' Amour pour le Christ, fous au point de fuir l' avarice, fous au point d' abandonner toute forme de vanité et d' orgueil, fous au point de tomber "amoureux de la générosité", fous au point d' engranger et d' amasser -dès cette terre et le plus vite possible-, le seul Trésor que nous retrouverons au Ciel, le Trésor d' une vie qui n' a pas fait que penser à elle-même mais aussi aux autres!

Prions pour qu' il en soit ainsi!

Ainsi soit-il!

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