TROISIEME DIMANCHE DE PAQUES. ANNEE C.
Homélie de monsieur l’ abbé Jean-Bernard Hayet,
Curé de saint Joseph des Falaises-Bidart.
«M’ AIMES-TU?»: «AMAS ME?». "M' aimes-tu vraiment?".
Cette triple question que notre Seigneur Jésus-Christ adresse à Pierre,
«sur le bord du lac de Tibériade», traverse les siècles et retentit ici, dans
Cette église qui nous voit rassemblés : elle est posée à chacun de nous
-personnellement- par Jésus qui, en cet instant, nous regarde face à face,
les yeux dans les yeux, Jésus qui interroge notre cœur :
«Toi Nathalie, toi Arnaud, toi Sophie, toi Etienne, oui, toi… M’ aimes-tu ?
«Pensez-vous-dira saint Augustin (+430)- que le Seigneur ne nous
Interpelle pas ? Pierre seul a-t-il mérité d’ être interpellé, pas nous ?
A la lecture de ce texte, chaque chrétien se sent interpellé en son cœur,
et quand tu entends le Maître demander : Pierre, M’ aimes-tu ? pense qu’ il
est un miroir, et regarde-toi dedans. Pierre portait-il autre chose que la
figure de l’ Eglise ? Lorsque le Seigneur interpelle Pierre, c’ est nous qu’ Il
interpelle, c’ est l’ Eglise qu’Il interpelle».
(Hom. Guelf. 16, 1-2- P.L.S 2, 579-580).
En cette période pascale qui s’ achèvera à la Pentecôte, nous devons
tous, prêtres et fidèles du Christ, prendre le temps de réfléchir à la
question de notre Bon Jésus et tâcher d’ y répondre avec la même fougue
qui caractérise si bien saint Pierre :
«SEIGNEUR, TU SAIS TOUT:
TU SAIS BIEN QUE JE T’ AIME!».
«Je T’ aime, Seigneur,
Toi qui fus pendu au Bois du supplice,
Toi qui nous as apporté le Pardon des péchés,
Toi l’ Agneau Immolé, acclamé «de toutes les créatures au Ciel, sur terre,
Sous terre et sur mer».(Apocalypse 5, 11-14).
Je T’ aime, Seigneur, car «il n’ y a rien de plus beau que d’ être rejoint (par Toi), surpris par l’Evangile… Il n’ y a rien de plus beau que de (Te) connaître et de communiquer aux autres l’ amitié (avec Toi). (Pape Benoit XVI. Homélie du 24 avril 2005).
Frères et sœurs, si «les hauts faits de Dieu» (Psaume 65, 5) n’ avaient pas
eu lieu le Matin de Pâques, dans le jardin près du Calvaire, si cette «Histoire»
du Christ Se relevant de la mort n’ était que fariboles, balivernes, fadaises, nous n’ aurions aucun intérêt à répondre à cette question: «M’aimes-tu?».
Si Jésus n’ était pas en cette minute, LE VIVANT, LE RESSUSCITE, «nous ne serions pas ici-comme le disait l’ archevêque de Bruxelles-nous cueillerions du gui dans nos forêts celtiques sous la conduite du druide Panoramix. C’est le monde entier, c’ est toute l’ histoire du monde qui a basculé de la mort à la vie, du désespoir à l’ Espérance, avec la Résurrection de Jésus». (Homélie du dimanche 4 avril 2010 à la cathédrale de Bruxelles).
LE CHRIST EST LE VIVANT, Il est ce Dieu pour qui on a construit l’ église dans laquelle nous nous trouvons; Il est ce Dieu pour qui on a érigé la cathédrale de Bayonne, de Lescar, d’ Oloron, celle de Paris, de Chartres, de saint Pierre de Rome!
LE CHRIST EST VIVANT, Il est ce Dieu pour qui, en France, à l’heure actuelle, vingt mille prêtres ont engagé leur vie d’ homme; Il est ce Dieu pour qui, en France, à l’heure actuelle, trente deux mille religieuses oeuvrent humblement sur tous les chantiers apostoliques; Il est ce Dieu pour qui encore, dans notre France laïcisée à l’ extrême, quatre mille moniales sont retirées dans l’ adoration et la prière pour intercéder pour notre monde qui en a tant besoin!
LE CHRIST EST LE VIVANT pour qui des hommes et des femmes, jeunes et moins jeunes, offrent de leur temps, de leur argent, de leur dévouement –parfois jusqu’au sang versé- afin que nos contemporains puissent boire à la Source du Salut que Jésus est à tout jamais: au cours des dix dernières années, 261 «agents pastoraux» parmi lesquels 190 prêtres et 4 évêques sont morts pour le Christ. (Agence Fides).
LE CHRIST EST LE VIVANT, et c’ est pour Lui que brûle le Cierge Pascal qui se consume devant nous et c’ est pour Lui que s’élèvent dans toute la Chrétienté le parfum de l’ encens et les plus belles hymnes grégoriennes ou contemporaines.
Il est le Seul devant qui nous nous prosternons, nous nous agenouillons, nous
Joignons les mains ou nous les ouvrons comme une fleur aspire à la chaleur du soleil vivifiant.
Il est, JESUS, LE VIVANT qui «nous a tous et chacun connus et aimés durant
Sa vie, Son agonie et Sa passion… Il S’ est livré pour chacun de nous… Il nous a aimés d’ un cœur humain». (Catéchisme de l’ Eglise Catholique n° 478).
Frères et sœurs, jusqu’ à la fin de notre pèlerinage terrestre, il nous revient
à tous, chrétiens-catholiques, de chercher à approfondir l’ Amour de Celui qui
a crée le monde avec Son Père, Celui qui nous a créés, qui nous connaît et qui nous attend dans Son Eternité Bienheureuse.
Laissons Jésus accoster sur le rivage de notre vie, tendons notre oreille à
Sa douce Voix qui nous interroge triplement –comme hier elle demandait à
Pierre, le pêcheur du lac de Tibériade-:
«TOI, M’ AIMES-TU ?...
TOI, M’ AIMES-TU ?...
EST-CE QUE TU M’ AIMES ? ».
AMEN.